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Par M. de Saint-Michel le 16 Avril 2013 à 13:23
Soumise-révoltée offerte-mystérieuse
savoureuse-violente éprise-détachée
lumineuse-nocturne orgueilleuse-brûlante
excessive-fragile assoiffée-hiératique
impatiente-pudique experte-machinale
esclave-souveraine implacable-timide
arrogante-rêveuse épanouie-recueillie
alanguie-libertine insensible-fervente
triviale-rayonnante amoureuse-infidèle
vertigineuse-froide échevelée-superbe
calme-démesurée intraitable-tremblante
scandaleuse-suave agenouillée-guerrière
angélique-charnelle aveuglante-éblouie
absolue-familière impassible-vandale
innocente-fiévreuse enchaînée-insolente
fastueuse-endeuillée obsessionnelle-pure
nomade-enracinée inaccessible-étreinte
étrangère-féale évanouie-étoilée
ouverte-écartelante et fardée-religieuse
quelle femme jamais se révéla plus femme
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Par M. de Saint-Michel le 17 Avril 2013 à 12:46
Chef-d'œuvre est donc ce corps Tatouage et piercing
s'appellent pour donner ses lettres de noblesse
à la nudité fière où le désir se dresse
Qu'importent les musées avec leurs vases Ming
Sur les ruines du temps s'offrent mâle et femelle
objets de culte À peine est-il besoin d'un string
L'androgyne beauté qui n'a vergogne excelle
Soleil papillon crâne ou sphinx Anneaux parant
jusqu'au sexe La peau se fait texte flagrant
Vivre m'est jouir au gré d'un art brut et rebelle
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Par M. de Saint-Michel le 18 Avril 2013 à 12:54
La Vénus d'Arles
regarde-la contemple-la
et tu auras peut-être l'intuition
de ce qu'on nomme la beauté
La beauté en son essence
par-delà pays siècles
et songes
qu'il est humainement impossible de dire
De sa main droite exhibant un fruit sans tache
à ses impeccables orteils
qu'effleure un pur drapé auquel sa poitrine échappe
elle respire l'éternel
À quoi pense-t-elle donc
ses yeux fixés à terre
son visage grave de trois quarts
incliné semble-t-il vers sa propre image
À l'amour peut-être qu'elle t'inspire
et qu'ignora Praxitèle
cet amour ce royaume
où la femme qu'il sculpta n'a pas une ride
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Par M. de Saint-Michel le 20 Avril 2013 à 13:20
L'épouse se souvient Il y eut dans le bar
des alcools échangés comme fortes promesses
et tel sourire offert ambroisie et nectar
avec à fleur de peau ébauches de caresses
Il y eut des soupirs alors que des secrets
affleuraient effleuraient un début de vertige
érotique Il y eut soudainement ancrés
des songes révélant un ciel qui ne transige
Il y eut ce fantasme aussi doux que cruel
où la beauté n'est rien que parfums et lumières
sur un corps flagellé par l'ombre d'Azraël
Il y eut des sanglots entre azur et poussières
Il y eut un baiser le premier celui-là
qui résume un plaisir que la chair ne peut feindre
Il y eut un soleil dont la lune brûla
cette langue par jeu léchée pour tout enfreindre
Il y eut des regards très noirs pailletés d'or
défiant mille pudeurs Il y eut la chimie
l'alchimie des pulsions et l'hôtel pour décor
ces bouches qui œuvraient au mourir de l'amie
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Par M. de Saint-Michel le 21 Avril 2013 à 13:25
Il faut que la femme danse
que résonne sans peur le dithyrambe
que le désir s'irise d'un sang d'encre
que s'écrase à même la peau chaque pampre
que la beauté magistrale nous hante
que s'agenouille un roi dans la fange
que l'azur réduise l'orgueil en cendre
que se fiche au corps la gloire d'un chantre
que le soleil où les baisers brûlent s'ébranle
que rayonne tel cri qui s'étrangle
qu´une main de miel se tende
que s'enlacent la vanille et le camphre
qu'une statue vierge s'anime et se déhanche
que se pose un papillon d'or sur l'ombilic d'un temple
afin que l'amour s'avoue pure allégeance
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Par M. de Saint-Michel le 22 Avril 2013 à 13:40
Premier janvier - une heures du matin. Un masque blanc repose sur la table. Un
homme, assis, le regarde fixement. Y voit-il la noirceur du monde? La mémoire des
heures mortes? Le destin clos sur lui-même tel un secret disparu des consciences?
(Combien de femmes, promises au tombeau, à cet instant se démaquillent?... Des
fous rires fusent, sans doute, face à l'angoisse du cruel silence...) Depuis longtemps,
il sait: la clef du désert est ensevelie, quelque part, dans les sables qu'il ne foulera
plus. Et les yeux de son crâne s'absorbent dans ce chef coupé dont les trous téné-
breux le regardent - ou semblent faire comme si...
Il ignore, à ses côtés, l'ange qui le garde.
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Par M. de Saint-Michel le 23 Avril 2013 à 13:11
L'escalier noir combien nous le montâmes
d'où s'élevait parmi tant de crachats
un remugle d'asphodèles Des chats
miaulaient comme pour mieux capter les âmes
Orange une lueur livrait les ombres
à quel vertige À quelle angoisse alors
que des soleils en deuil au fond des corps
brûlaient Jeux et délices toujours sombrent
Sur les parois guenilles viscérales
des noms des dates s'écaillaient Ici
et là s'ouvraient des songes sans merci
Parfois un rire attisait les vandales
Un soir vraiment une femme accroupie
urinait sur le palier Cheveux roux
grise toison Brisés tous les verrous
elle s'offrait à ce monde en charpie
Mais se frôlaient surtout des anonymes
Des spectres qui flottaient entre l'enfer
et le néant sous leurs masques de chair
Oh quel trou noir lorsque nous descendîmes
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Par M. de Saint-Michel le 24 Avril 2013 à 12:31
Quelles phalènes viennent s'embraser
quand vos deux ventres se prennent
A même le sol les ombres glissent
découvrant une peau comme immatérielle
à force d'être voulue désirée violentée
forcée brûlée broyée
et le vent là-bas qui fait rage
n'égale pas le souffle de vos bouches confondues
Les étoiles-poussières vous font un lit royal
plus ancien que les siècles
où vous concevez la beauté sans vergogne de l'amour brut
hors des paroles qui s'effacent
et de l'ordre des plaisirs permis
Car voici la pure déraison de vos mains
dont l'alchimie rend la chair grise torche vive
car voici la passion des sexes
saccageant les petits bonheurs de ce monde
car voici enfin la Mort toute nue
princesse et chienne qui religieusement
vous fait jouir au-delà de vos corps mortels
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Par M. de Saint-Michel le 25 Avril 2013 à 12:23
C'est l'oubli qui pousse
les quatre saisons
le sable et la cendre
avec nos amours
Ainsi va la vie
Ainsi va le vent
Passent nos visages
devant les miroirs
sourires ou larmes
cheveux blonds ou blancs
Ainsi va la vie
Ainsi va le vent
Le cœur prend les rides
de son propre deuil
consumant nos rêves
au bord du chemin
Ainsi va la vie
Ainsi va le vent
Les siècles enlisent
notre corps transis
et les heures glissent
contre l'horizon
Ainsi va la vie
Ainsi va le vent
Plus rien ne demeure
pas même un parfum
dont la froide absence
nous couche au désert
Ainsi va la la vie
Ainsi va la mort
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Par M. de Saint-Michel le 26 Avril 2013 à 14:33
Il avait erré de souvenir en oubli
Elle avait fini par n'avoir plus de visage
Il s'était jeté dans le premier désespoir
Elle s'était habillée d'orgueil et d'absence
Il avait ri en voyant les mensonges du temps
Elle s'était reconnue dans chaque suicide
Il s'était roulé sur les tessons de son cœur
Elle avait pleuré devant la beauté hagarde
Il était tombé dans les bas-fonds du destin
Elle avait drogué son âme de soifs jalouses
Il s'était vendu pour une heure de bonheur
Elle était passé de play-boys en messalines
Il l'a regardée comme un abîme un soleil
Elle s'est glissée entre lui et la mort grise
Il se découvre en elle mieux qu'en un miroir
Elle trouve à le caresser le sens de vivre
Ils franchiront ensemble fièvres et enfers
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